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Evaluer (3) – Les secrétaires

9 Janvier 2012 , Rédigé par profignoble Publié dans #Evaluer

Bonjour à tous,

 

J'ai déjà dénoncé ici le matraquage fiscal dont sont victimes les petites et moyennes entreprises créatrices de valeur (cf.  L’université et le monde de l’entreprise (2) – Administration tatillonne versus Esprit d’entreprise). Il s'agit littéralement d'un terrorisme sournois. Aussi, pour combattre ce phénomène, je m'intéresse maintenant de près à la bonne utilisation des deniers publics. La suppression de la demi-secrétaire qui m'était allouée m'a mis la puce à l'oreille. Comme l'avait écrit Gilbert Cesbron, "c'est Mozart qu'on assassine !".

 

J'ai donc décidé de m'intéresser au travail de tous ceux qui travaillent pour l'université. Un classement permet déjà de classer les enseignants-chercheurs et les doctorants (cf.  Evaluer (1) – Mon ranking personnel). Il fallait donc de toute urgence que quelqu'un s'intéresse à l'efficacité des secrétaires. Pour cela, il faudrait évidemment établir un référentiel avec les attentes que tous les utilisateurs peuvent avoir. A partir de ce référentiel, on pourrait établir un classement. Cette idée ingénieuse sera évidemment exploitée par le cabinet Ignoble, Crapuleux et Cie (cf.  L'université et le monde de l'entreprise (3) – Créer de la valeur à partir des recherches scientifiques) qui proposera dans quelques mois des solutions clés en mains aux universités.

 

En attendant la mise au point d'un tel système, il m'a fallu mieux évaluer les attentes des utilisateurs. Une solution aurait pu constituer à effectuer plusieurs entretiens. Mais l'utilisateur, par peur d'être jugé, aurait pu ne pas se sentir totalement libre de nous indiquer ses griefs. Convenons au passage du scientisme de ce type de méthode qui n'a de qualitative que le nom. Aussi, ai-je préféré une solution originale et novatrice : une petite boîte aux lettres devant mon bureau permet à tout un chacun de donner son impression sur les salariés de notre établissement. Evidemment, comme de coutume, des professeurs gauchistes m'ont accusé "de mettre en place un système pétainiste favorisant la délation et la calomnie" (SIC). Ces professeurs idéologues n'ont vraiment rien de scientifiques : au lieu de chercher sans parti-pris les bonnes idées d'où qu'elles viennent, ils choisissent de tout politiser. Cela ne m'a heureusement pas empêcher de continuer mon oeuvre rédemptrice.

 

Quelques-unes de mes doctorantes poussées par la curiosité (on ne dira jamais à quel point c'est un défaut typiquement féminin) m'ont proposé de m'aider. Nous avons ainsi découvert plusieurs dizaines de messages anonymes qui nous permettent de mieux comprendre les manques des secrétaires - ce qui prouve aux esprits chagrins l'intérêt de cette méthode. Nous pourrons ainsi établir des référentiels avec des normes précises pour les évaluer. Loin d'être un outil de surveillance, ce référentiel deviendra bientôt pour les secrétaires un véritable outil d'apprentissage ! Une fois de plus, l'apport du management à l'université permettra d'améliorer son fonctionnement quotidien. L'aboutissement de cette idée sera évidemment la création de l'AES (Agence d'Evaluation des Secrétaires) qui tous les quatre ans notera ces dernières.

 

Soucieux de ne pas amputer le budget de mon université en lui vendant une telle idée, j'ai mis au point un système original de financement. Plutôt que de demander à être payé par les institutions (et à être ensuite sanctionné par le retrait d'une demi-secrétaire), je propose aux établissements de nous laisser la libre exploitation des informations collectées. Je vous explique. A ma grande surprise, nombre de papiers divulgaient des informations sur la vie privée des secrétaires : par exemple, nous avons appris que la secrétaire d'un master, Madame Lente, couchait avec Monsieur Pellicule de la comptabilité. Nous contactons ainsi ces deux personnes pour savoir combien ils sont prêts à payer pour ne pas voir cette information révélée à leurs conjoints. En cas de refus, nous proposons à leurs conjoints de révéler l'identité de l'amant ou la maîtresse moyennant finance. A ceux qui expliqueraient qu'il s'agit d'un moyen dégradant, nous voudrions simplement rappeler le principe d'une transaction marchande : si la personne consent à payer, cela signifie que cela améliore son bien-être. Au nom de quel autre principe devrions-nous renoncer à faire le bien ?

 

Le génie est un fardeau pour qui en est doté tant la masse est aveugle.

 

Le professeur ignoble

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