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Evaluer (4) – Révélations sur les gaspillages de l’Etat : l’exemple édifiant des secrétaires à l’Université

16 Janvier 2012 , Rédigé par profignoble Publié dans #Evaluer

Bonjour à tous,

 

Je continue aujourd’hui mon enquête sur les secrétaires d’université (cf. Evaluer (3) – Les secrétaires). J’ai déjà exposé dans un précédent post ce que de nouvelles méthodes managériales pouvaient apporter à l’université. Néanmoins, pour reprendre les terminologies verbeuses des anthropologues, j’ai choisi de procéder à une observation participante. Un exemple m’a été fourni sous mes yeux par la demi-secrétaire qui m’est alloué. A partir de quelques observations (et encore probablement, n’ai-je pas tout vu !), voici le coût de l’inefficience de ma secrétaire.

 

Mardi 13 septembre 2011, 9h : ma secrétaire n’est pas là à 9h mais à 9h05. Elle m’explique qu’elle rattrapera son retard, mais comment le vérifier ? Conséquence fâcheuse : je dois attendre 5 minutes pour lui donner mes photocopies

Surcoût pour le contribuable :

Non travail de la secrétaire : 5/60*24 € (salaire horaire chargé) = 2 €

Perte de temps d’un professeur : 5/60 * 150 € (salaire d’un professeur d’université classe exceptionnelle 2ème échelon) = 12,5 €

 

Mercredi 14 septembre 2011, 16h30 : la collègue de ma secrétaire m'indique qu'à trois reprises (10h04, 14h22 et 16h03), ma secrétaire s'est connecté sur facebook.

Surcoût pour le contribuable :

Non travail de la secrétaire : 3/60*24 € (salaire horaire chargé) = 1,20 €

Temps passé par sa collègue pour rédiger un mail : 1/60*24 € (salaire horaire chargé) = 0,40 €

 

Jeudi 15 septembre 2011, 10h30 : prise d’un café jusqu’à 10h45. Elle m’explique qu’elle rattrapera son retard, mais comment le vérifier ? Ayant attendu 15 minutes son retour, j’en viens à me demander si ma secrétaire ne fait pas exprès de partir en pause quand j’ai besoin de la voir

Surcoût pour le contribuable  :

Non travail de la secrétaire : 15/60*24 € (salaire horaire chargé) = 6 €

Perte de temps d’un professeur : 15/60 * 150 € (salaire d’un professeur d’université, classe exceptionnelle  2ème échelon) =  37,50 €

 

Jeudi 15 septembre 2011, 10h45 : je lui fais remarquer son retard. Ses explications confuses me font perdre du temps.

Surcoût pour le contribuable :

Non travail de la secrétaire : 5/60*24 € (salaire horaire chargé) = 2 €

Perte de temps d’un professeur : 5/60 * 150 € (salaire d’un professeur d’université, classe exceptionnelle  2ème échelon) =  12,50 €

 

Jeudi 15 septembre 2011, 16h22 : j'envoie un mail à ma secrétaire lui indiquant ses nombreuses fautes. Je vous fais grâce du coût lié au temps passé à rédiger ce message, cet acte de management exemplaire étant inestimable (je ne veux pas vous effrayer avec la valeur réelle de l'Excellence, vous n'êtes pas prêt à un tel changement d'échelle).

 

Vendredi 16 septembre 2011, 9h : à ma grande surprise, ma secrétaire est absente. J’apprends qu’elle serait en dépression nerveuse, qui plus est déclarée en accident de service (SIC). Quand on connaît ma bonté sans limite (rappelez-vous comment j'ai suppléé une doctorante pour une surveillance d'examen, cf.  Les étudiants (2) – Les examens ou enconre comment j'assiste mes doctorantes dans leur quête d'Excellence, cf. Les étudiants (3) – La stimulation artificielle), ma tolérance proverbiale (rappelez-vous ma capacité à aider la police, cf.  Les mouvements universitaires et la bonne morale) et ma capacité à comprendre les situations les plus diverses (rappelez-vous comment je donne satisfaction à mes doctorantes, même quand leurs demandes sont intimes, cf.  L'encadrement doctoral (3) – Le prétendu harcèlement sexuel), on ne pourra que conclure à l’absurdité d’une telle excuse : il s’agit bien d’un certificat médical de complaisance que j’ai évidemment dénoncé à la Sécurité Sociale. J'espère bien que le médecin qui l'a fait sera poursuivi !

Surcoût pour le contribuable :

Non travail de la secrétaire : 7*24 € (salaire horaire chargé) = 168 €

Perte de productivité d’un professeur : 2* 150 € (salaire d’un professeur d’université, classe exceptionnelle  2ème échelon) =  300 € (qui pouvait faire mes photocopies ? Il m'a fallu chercher 2 heures dans la faculté pour trouver une secrétaire capable de les faire).

 

Le coût total pour l’inefficience d’une secrétaire sur une semaine est de 542,10 €. Rapportez ce coût à une année est effarant : plus de 25 000 € par secrétaire ! Peut-on s'étonner après cela de la perte de notre AAA ?

 

Tout le monde en tirera des conclusions évidentes : d’abord, le danger de recruter de nouvelles secrétaires et ensuite, la nécessité, plus que jamais, de mieux les contrôler. Dans ce contexte, la création de l’AES (Agence pour l’Evaluation des Secrétaires) est à la fois une piste audacieuse et sérieuse ! Critiquée par les syndicats et les gauchistes, elle apparaît aujourd’hui à tous les acteurs raisonnables comme LA solution. Ne faudrait-il pas, d’ailleurs, faire circuler une pétition en ligne pour empêcher ces désastres ? 

 

Je songe sérieusement à envoyer une lettre ouverte à un panel soigneusement choisi de candidats à l'élection Présidentielle, mais je doute de leur capacité à instruire cette idée une fois au pouvoir. Evidemment, je reste disponible pour servir ma patrie si d'aventure ils cherchaient un nouveau Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche...

 

Le génie est un fardeau pour qui en est doté tant la masse est ignare.

 

Le professeur ignoble

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